Siège de Léningrad

8 septembre 1941 – 27 janvier 1944
Les victimes de ce siège étaient Alexey Mikhaïlovitch Tetyaev et Vera Mikhaïlovna Tetyaev.

Alexey Mikhaïlovitch Tetyaev

mort au mois de mars 1942 à l’âge de 30 ans.
Lieu de sépulture : Cimetière Piskarevskoe. (Blocus, v. 30)

Vera Mikhaïlovna Tetyaev

décédée en janvier 1942 à l’âge de 73 ans.
Sa sépulture est au Cimetière Serafimovskoye. (Blocus, v. 30)

source : liste de décédés pendant la blokade

Note historique

En dépit du pacte de non-agression germano-russe signé en août 1939, l’opération Barbarossa est lancée. Elle comprend trois attaques dont une à l’Est vers Leningrad: l’opération Nordlicht («aurores boréales»). La ville est encerclée par les Allemands au sud et les Finlandais, alliés des Allemands, au nord et doit être «rasée de la surface de la terre» selon les ordres d’Hitler.

D’une durée de presque 900 jours entre septembre 1941 et janvier 1944, le siège de Leningrad coûte la vie à 800 000 habitants (on parle aussi de près d’1 milion), principalement morts de froid et de faim. La population de la ville est en outre soumise au feu ennemi et au contrôle strict et sans pitié des autorités soviétiques. La mémoire de la souffrance des Leningradois, d’abord célébrée, est ensuite étouffée. Elle ne renaît que progressivement.

Un million d’habitants environ avait certes été évacué avant et pendant le siège. (Ndlr : Entre eux, concernant notre famille : Mikhail M. T et Maria B. T. en tant que scientifiques.)

La situation du ravitaillement dans la ville est catastrophique notamment pendant le premier hiver 1941-1942. Les entrepôts sont en effet quasiment vides lorsque l’encerclement de la ville est achevé :
En novembre 1941, les habitants ne reçoivent quotidiennement, selon leur statut, qu’entre 125 et 375 g d’un pain de bien mauvaise qualité. La situation ne s’améliore très progressivement qu’à partir de l’été 1942.

L’électricité manque également rapidement. Il n’y a plus de tramways en ville : la population affamée doit marcher pour se déplacer. Il n’y a plus de chauffage dans les appartements. Et le froid est redoutable. Au cours de cet hiver 1941, le mercure atteint régulièrement – 20° et descend jusqu’à – 40 °C.
Les habitants sont contraints de tout brûler pour se chauffer, provoquant de multiples incendies. Ils doivent manger tout ce qui peut l’être : on parle de cannibalisme, on mange la colle des papiers peints, le cuir bouilli, les cosmétiques, les animaux domestiques…

Dans ce Leningrad clos, la mort devient omniprésente : les gens tombent d’épuisement dans la rue ou meurent chez eux, comme la famille de la petite Tanya Savicheva qui deviendra le symbole du siège. Dans son carnet, jour après jour, elle inscrit la mort de tous ses proches jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’elle.

La célébration du 9 mai, jour de la victoire sur le fascisme, à Saint-Pétersbourg, s’ouvre aujourd’hui encore au cimetière mémoriel de Piskarevskoe par un hommage aux morts du blocus.

source EHNE François-Xavier NÉRARD

Le siège de Leningrad, “une catastrophe humanitaire sans précédent”

Les bombardements sont intenses. Le blocus commence. Les habitants se retrouvent coupés de toute source de ravitaillement, à l’exception d’un petit corridor sur le lac Ladoga – surnommé la “Route de la vie”, mais qui n’était pas toujours en état de fonctionner. Les réserves de nourriture ne permettent de tenir qu’un mois. C’est le début d’un long cauchemar.

Sarah Gruszka, docteure en histoire, a étudié des centaines de témoignages pour sa thèse “Voix du pouvoir, voix de l’intime. Les journaux personnels du siège de Leningrad (1941-1944)”. Dans ces récits, elle a pu constater le poids de la famine et mis en lumière “une catastrophe humanitaire sans précédent”.

“Les normes de rationnement ont atteint, durant l’hiver 1941-1942, une portion quotidienne de 125 grammes de pain pour la plupart des Léningradois, sachant qu’il s’agissait généralement de la seule nourriture à laquelle ils avaient droit, et que le pain était composé d’ersatz (tels que la cellulose) peu nutritifs», raconte-elle. «Les rations allouées par le système d’approvisionnement officiel ne permettant guère la survie, les Léningradois ont eu à déployer toute leur énergie dans la quête de moyens de subsistance, repoussant, pour certains, les limites du comestible.”

“Il est si simple de mourir aujourd’hui ! On commence par se désintéresser de tout, puis on s’étend sur son lit et on ne se relève plus jamais”, a écrit Elena Skriabina dans son journal. “C’est la famine qui est responsable de la mort de masse de la population.” Le bilan reste encore difficile à établir, mais les historiens s’accordent sur près d’un million de personnes (civiles pour l’essentiel) qui ont péri durant le siège – principalement de faim et durant le premier hiver.

Mais la population tient. En janvier 1943, la situation s’améliore grâce à une contre-offensive. Le verrou de Leningrad saute, un couloir terrestre est enfin ouvert et permet un meilleur ravitaillement de la ville. Mais il faut encore attendre un an avant que la cité de Pierre le Grand ne soit enfin libérée, après un siège de près de 900 jours. Le 27 janvier 1944, les Allemands sont définitivement repoussés. Le blocus est levé. L’héroïsme des habitants est alors exalté, avant d’être finalement étouffé. Le leader soviétique ne veut pas qu’on lui fasse de l’ombre.

source (fr)

à lire :
Iouri Riabinkine – “Le siège de Leningrad. Journal d’un adolescent (1941-1942)”.
Trad. du russe par Marina Bobrova. Édité par Sarah Gruszka. Éditions des Syrtes, 176 p., 16 €